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L’OTAN CONTRE LA SERBIE LE MONDE / VENDREDI 16 AVRIL 1999 / 7
DÉPÊCHES
VIOLS COLLECTIFS
a Le procureur du Tribunal pénal
international (TPI) pour l’ex-You-
goslavie, Louise Arbour, va se
rendre dans les deux prochains
jours dans les Balkans pour enquê-
ter sur les accusations de viols mas-
sifs d’Albanaises du Kosovo par les
forces serbes, a indiqué, mercredi
14 avril, le ministre à l’aide interna-
tionale, Clare Short. Belgrade a re-
jeté ces accusations en parlant d’un
« coup monté par l’OTAN, déjà vu
en Bosnie » dans le cadre de la
« guerre de propagande » contre la
Yougoslavie, a dit mardi Nebojsa
Vujovic, porte-parole du ministère
yougoslave des affaires étrangères.
a La Coordination des associations
pour le droit à l’avortement et à la
contraception (Cadac) s’élève
contre la condamnation par le Vati-
can du recours à la « pilule du len-
demain » pour les femmes violées
au Kosovo, dans un communiqué
publié mercredi. Pour la Cadac, qui
regroupe de nombreuses associa-
tions dont le Planning familial et
l’Association nationale des centres
d’IVG, « toutes les occasions sont
saisies par le Vatican lorsqu’il s’agit
de condamner l’avortement, la
contraception, l’usage du préserva-
tif ».
LE GÉNÉRAL MLADIC
AU KOSOVO ?
a Le général Ratko Mladic, ancien
chef militaire des Serbes de Bosnie
recherché pour crimes de guerre
par le TPI, opère « en ce moment »
au Kosovo à la tête d’un groupe pa-
ramilitaire, a affirmé, mercredi
14 avril, le ministre britannique de
la défense, George Robertson.
« Selon nos informations, le général
Mladic commande un gang de para-
militaires au Kosovo », a-t-il dit.
M. Robertson a également accusé
le chef paramilitaire Zeliko Razna-
tovic, alias Arkan, de recruter des
criminels dans les prisons serbes
pour participer aux exactions des
forces yougoslaves contre les civils
de souche albanaise au Kosovo, au
sein de sa milice, les « Tigres ».
– (AFP)
TURQUIE
a La Turquie veut adhérer au
Groupe de contact sur l’ex-Yougo-
slavie (Etats-Unis, Russie, France,
Grande-Bretagne, Allemagne, Ita-
lie) en tant qu’« important pays ré-
gional et membre de l’OTAN », a an-
noncé, mercredi 14 avril, un
porte-parole du ministère turc des
affaires étrangères. La Turquie «a
fait part de ce souhait lundi à
Bruxelles à ses interlocuteurs de
l’OTAN », a ajouté Sermet Atancali.
– (AFP.)
MONTÉNÉGRO
a Le ministre de l’intérieur du
Monténégro, Vukasin Maras, a mis
en garde, mercredi 14 avril, contre
un danger de « guerre civile », si
l’armée yougoslave était utilisée
pour une tentative de renverser le
pouvoir monténégrin. M. Maras a
indiqué qu’il « existe des individus et
groupes qui sont prêts, partant de
leurs positions au pouvoir (fédéral
yougoslave), à utiliser l’armée dans
le but de s’emparer du pouvoir au
Monténégro ». – (AFP.)
CAMPS
a L’armée américaine va
construire deux camps pouvant ac-
cueillir quelque 20 000 réfugiés en
Albanie, près de la frontière avec la
Macédoine, a annoncé, mercredi
14 avril, le coordinateur du pré-
sident Clinton pour l’aide humani-
taire au Kosovo, Brian Atwood.
« Nous espérons que la construction
pourra commencer relativement
vite », a-t-il ajouté en invoquant la
« pression » ressentie pour évacuer
les réfugiés kosovars de Macé-
doine. – (AFP.)
« Ce que vous dites n’est pas le vrai, c’est votre vrai ! »
SKOPJE
de notre envoyé spécial
Un public de Rotary pour une ambiance
de plomb : l’ambassadeur de France avait
rendez-vous mercredi 14 avril au centre
culturel français de Skopje avec la bonne so-
ciété francophone de la ville. Mais c’est une
Macédoine inquiète qui s’est pressé dans la
salle comble : la Macédoine qui appelle tous
les jours Belgrade pour avoir des nouvelles
des amis ou des parents, la Macédoine qui
s’effraie du flot ininterrompu des réfugiés
albanais du Kosovo – qui représentent déjà
plus de 10 % de sa population.
Le diplomate français est venu défendre la
position de son pays devant un public slave.
Il justifie tout d’abord les bombardements,
qui deviennent « la mise en œuvre de l’aver-
tissement que l’OTAN avait exprimé ». Puis il
s’efforce de témoigner de l’intérêt porté par
les Occidentaux à la Macédoine, « située où
l’on sait entre les Etats que l’on connaît ».
L’ambassadeur se veut également rassurant
à propos des réfugiés kosovars albanais
dans un pays où les Albanais constituent un
gros quart de la population, mais les pre-
mières apostrophes fusent.
Le doyen de la faculté de droit s’indigne
de cette guerre « menée par l’Amérique et
par une juive, madame Albright, contre un
pays souverain ». « Sait-elle seulement que les
Serbes ont lutté contre les nazis et qu’ils re-
cueillaient les aviateurs américains dont les
appareils avaient été abattus », s’emporte-t-
il. Une jeune femme, professeur de français
à Kumanovo, lui succède. « Je voudrais que
la France soit belle comme je la connais, as-
sure-t-elle, mais de chez moi, tous les soirs,
j’entends les bombardements et je suis obligé
de donner des cachets à mon fils pour qu’il
puisse dormir. » De petits carrés de papier
apparaissent. Il s’agit de répliques des fa-
meux badges arborés par les Serbes à Bel-
grade : un cible entourée de deux slogans :
« Arrêtez les bombardements de l’OTAN sur la
Yougoslavie ! Nous sommes tous des cibles. »
L’ambassadeur fait front. Son explication
de l’exode des Kosovars, chassés par la
crainte des violences serbes, soulève les pro-
testations. « Non ! C’est la faute aux bombar-
dements de l’OTAN ! », s’exclame-t-on ici et
là. « Ce que vous dites, ce n’est pas le vrai,
c’est votre vrai ! », proteste une femme. Le
secrétaire général du comité olympique ma-
cédonien prend ensuite la parole pour rap-
peler les épreuves subies par sa famille
d’origine serbe lorsqu’elle habitait le Koso-
vo. « De 1960 à 1969, la maison de mon
grand-père a été brûlée quatre fois et ce n’est
pas pour cela qu’on a quitté les lieux », as-
sure-t-il. Puis plusieurs personnes prennent
la parole et commencent par assurer qu’ils
apprécient « beaucoup » les Albanais et leur
religion avant de dénoncer leur volonté de
puissance. Agacé, le diplomate français
cogne à son tour. « Vous savez très bien que
les Macédoniens d’origine albanaise font plus
d’enfants que vous et qu’en 2020 votre pays
sera un pays biethnique, réplique-t-il. Cela,
c’est la réalité, alors il faut vous débarrasser
de vos frayeurs à l’égard de l’islam des Alba-
nais parce qu’elles sont irrationnelles. »
La dernière question échoit à un homme
qui se lève pour protester contre « la façon
de penser des Balkans, toujours tournée vers
le passé et vers la légende » et pour deman-
der à chacun de dépasser « les caricatures ».
L’ambassadeur remercie de son interven-
tion « notre ami professeur de français de Ku-
manovo, d’origine albanaise ». Corsetée
dans ses certitudes, la salle l’a à peine enten-
du.
Gilles Paris
La Macédoine confrontée à un nouvel afflux de réfugiés
SKOPJE
de nos envoyés spéciaux
Une période délicate, voire dan-
gereuse, s’ouvre en Macédoine.
Les unités de l’Otan qui avaient
pris en charge à un moment dra-
matique le flot des réfugiés, alors
bloqués à la frontière par l’armée
macédonienne, vont se retirer des
camps installés dans l’urgence,
laissant leur administration aux or-
ganisations humanitaires. La sé-
curité intérieure des camps va être
assurée par les forces de sécurité
macédoniennes, qui n’ont jamais
montré beaucoup de tendresse à
l’égard des arrivants.
Alors qu’un nouveau flux de ré-
fugiés arrive depuis deux jours à la
frontière, le face-à-face entre la
police et les réfugiés va, de nou-
veau, mettre à l’épreuve la cohabi-
tation difficile entre les deux
grandes communautés du pays, les
Macédoniens orthodoxes, qui
constituent la majorité de la popu-
lation, et les albanophones, qui en
forment un quart. Dans le camp de
Stankovac, pris en charge par l’ar-
mée française, celle-ci a commencé
officiellement, jeudi 14 avril, à plier
bagage. Les représentants des
12 000 réfugiés ont tenté, la veille,
une ultime démarche auprès du
général Valentin et du nouvel ad-
ministrateur de l’organisation hu-
manitaire Care, Bob Allen, pour
demander le maintien d’une pré-
sence militaire française, en vain.
« Nous avons dit que si les Français
partaient, nous partirions derrière
eux mais cela ne changera pas
grand-chose », regrette Ismaïl Is-
maïli, qui assure que de nombreux
réfugiés veulent quitter le camp
pour ne pas se retrouver sous l’au-
torité des Macédoniens.
TERRAIN DE MANŒUVRE
Comme dans les deux autres
camps gérés par les alliés, celui de
Brazda, installé par les Britan-
niques, qui abrite plus de 20 000
personnes à coté de Skopje, et ce-
lui, plus petit, de Neprostino, près
de Tetovo, tenu par les Allemands,
cette passation de pouvoir va
s’opérer graduellement. Depuis
mercredi, les patrouilles
comprennent des soldats de l’Otan
et des policiers macédoniens. Pro-
gressivement, elles ne seront plus
assurées que par les Macédoniens,
les soldats occidentaux devant être
partis le 18 avril.
Le gouvernement macédonien a
donné son accord au Haut-
Commissariat aux réfugiés (HCR)
et à l’OTAN pour que les forces de
police déployées parmi les réfugiés
n’aient pas un armement trop
voyant. Mais tout le monde est
bien conscient qu’il entend bien
contrôler ce qui se passe pour évi-
ter que les réfugiés ne deviennent
un terrain de manœuvre pour les
organisations politiques kosovares
et albanophones de Macédoine.
Même s’ils ont évité pour le mo-
ment de trop se montrer au grand
jour, la tentation est grande pour
les activistes kosovars, notamment
ceux de l’UCK, d’utiliser la Macé-
doine comme base arrière. Les ré-
fugiés des camps, et ceux, plus
nombreux encore, qui ont été pris
en charge dans les familles albano-
phones au début de l’exode repré-
sentent pour eux un enjeu impor-
tant.
Les organisations humanitaires
vont avoir une lourde responsabili-
té dans cette phase. Elles n’ont pas
toujours eu de bonnes expériences
avec les autorités macédoniennes.
L’entrée des nouveaux réfugiés,
mercredi, s’est à nouveau heurtée
aux réticences des Macédoniens.
Au principal point de passage, à
Blace, plusieurs milliers de per-
sonnes ont dû patienter des heures
avant d’être transportées dans les
camps. Plus à l’est, au-dessus de
Koumanovo, un nombre de réfu-
giés estimé à environ un millier est
resté bloqué en rase campagne à la
sortie du village frontalier albano-
phone de Bojanev. Une trentaine
de soldats et de policiers empê-
chaient quiconque de passer pour
leur venir en aide. Selon des villa-
geois, ces réfugiés étaient arrivés la
veille dans un convoi d’une qua-
rantaine de remorques tirées par
des tracteurs, escorté depuis la
ville de Gnjilane, à une trentaine
de kilomètres de là, par des forces
serbes. Ils auraient été chassés des
villages de la région pour être
concentrés sur Gnjilane et, de là,
poussés vers la Macédoine.
Comme pour les réfugiés arrivés la
veille d’Urosevac, des informations
faisaient état de villages brûlés, de
meurtres et de brutalités, dont il
reste difficile de mesurer l’ampleur.
Aucun des réfugiés arrivés mardi
n’évoque des accrochages ou des
combats entre les forces serbes et
les miliciens de l’UCK. En re-
vanche, leurs témoignages
concordent pour confirmer la pré-
sence de l’Armée de libération du
Kosovo dès que le terrain devient
difficile.
Henri de Bresson
et Gilles Paris
Sur la frontière du Kosovo, de pauvres hères sous les bombes serbes
A Tropoja, village albanais sur la frontière du Kosovo, des tirs d’artillerie ont précédé l’infanterie serbe venue brûler
quelques maisons. Les habitants et les réfugiés venus du Kosovo se retrouvent sans protection
Lieux de contrebande, dominés par des
mafias et des bandes armées, les villages
de montagne sur la frontière entre l’Alba-
nie et le Kosovo sont parfois l’objet de
bombardements ou d’attaques de la part
des Serbes. Ils se vident d’une population
de pauvres paysans rejoints par des réfu-
giés venus récemment du Kosovo. Ils se
raccrochent, sans toutefois se faire trop
d’illusions, au mince espoir de voir arriver
les « renforts militaires » promis par Tira-
na. Quelques soldats mal équipés et sans
foi trainent dans le coin. La guerre se su-
bit. Que fait l’Amérique dont les avions
survolent cette frontière pour aller lâcher
leurs bombes de l’autre côté ? De vieux
paysans ne parviennent pas à abandonner
leurs villages en regardant la ligne de
crête voisine où sont installées les forces
serbes.
TROPOJA (frontière
albano-yougoslave)
de notre envoyé spécial
Accoudé sur son muret effon-
dré, Dul Hykaj regarde le mur en-
foncé de la maison de son voisin
Zequir. Comme presque tous les
neuf cents habitants de Tropoja,
Zequir et sa famille ont pris la
fuite. Dans la vallée encaissée ré-
sonne le fracas des obus serbes
qui s’abattent sur le nord de l’Al-
banie. Pour la première fois en
huit ans de guerre, le conflit
« yougoslave » déborde de ses
frontières. Il touche la petite et
pauvre Albanie qui vient pourtant
de s’offrir corps et âme à l’OTAN,
la plus puissante alliance militaire
du monde. Au sud, à Tirana, la
force « humanitaire » de l’Alliance
atlantique se déploie.
Sur la crête qui forme la fron-
tière entre l’Albanie et la Yougo-
slavie – plus exactement sa « pro-
vince serbe » du Kosovo –, les
forces serbes ont installé leur ar-
tillerie. Elles prennent pour cible
les villages où s’abritent les
combattants de l’UCK (Armée de
libération du Kosovo). La nuit, la
peur au ventre, les hommes de
l’UCK tentent de ravitailler, à tra-
vers les champs de mine, les obus
et la mitraille, leurs camarades de
l’intérieur pris au piège de l’offen-
sive serbe.
Les obus serbes ont pris Tropoja
pour cible lundi. Dul Hykaj
montre sa maison. « Le souffle de
l’explosion de l’obus a brisé mes fe-
nêtres et ouvert ma porte », dit-il.
Dans le ciel, à haute altitude,
passent les avions de l’OTAN. Ils
vont frapper les forces yougo-
slaves en Serbie, au Kosovo et,
parfois, se trompent de cible. « Ils
feraient bien de bombarder les
Serbes sur la crête », regrette Dul
Hykaj. Depuis plus de cinq jours,
Belgrade s’en prend au territoire
albanais sans que l’OTAN ne réa-
gisse. Sur la piste de terre et de
pierre qui descend vers la vallée,
un maigre barda au dos d’un che-
val, les montagnards s’enfuient en
évitant les pièges de la route. Les
forces de Belgrade ont « pollué »
la seule piste de la vallée en tirant
des obus qui dispersent des mines
en sous-munition. L’infanterie
serbe pénêtre même dans les vil-
lages albanais frontaliers les
« nettoyer ».
Mehdi est venu rendre visite à
Dul Hykaj, son ami. Garde-fron-
tière albanais, il a participé, avec
les hommes de l’UCK, aux
combats contre les Serbes qui ont
attaqué mardi le village de Kame-
nica accroché à la montagne au
dessus de Tropoja.
« L’ETAT SE FOUT DE NOUS »
« Il y a eu une préparation d’ar-
tillerie puis l’infanterie serbe, des-
cendue de la crête, est passé à l’as-
saut, raconte-t-il. Ils étaient plus
nombreux. Nous ne pouvions rien
faire. Les Serbes sont entrés dans le
village. Ils ont brûlé trois au quatre
maisons puis sont repartis », rap-
porte Medhi. Dul Hykaj ainsi
qu’une trentaine d’autres hommes
du village sont restés pour « pro-
téger » Tropoja. « Après le Kosovo,
c’est notre tour. Nous devons rester.
Ce sont nos maisons, notre terre. Si
les Serbes viennent, nous ne
comptons que sur nous-mêmes »,
dit le vieux paysan avant d’ajou-
ter : « on espère que les Américains
vont venir ici, qu’ils ne resteront pas
à Tirana où ils ne servent à rien ».
Dans cette région extrêmement
isolée, aux mains de bandes crimi-
nelles, l’Etat albanais est presque
inexistant. « L’Etat se fout de
nous », estime Dul Hykal en espé-
rant l’arrivée assez rapide de ren-
forts militaires promis par le pré-
sident albanais.
Un peu plus haut sur la route, à
bonne distance des crêtes où s’af-
frontent l’UCK et les forces
serbes, les premiers « renforts »
de l’armée albanaise se matéria-
lisent sous la forme d’un camion
italien kaki, de cinq hommes assis
dans un fossé et de deux kalach-
nikovs. Les dépôts d’armes de l’ar-
mée albanaise ont été dévalisés
lors d’émeutes en 1997. Le plan
d’opération des « renforts » est
« un secret militaire », dit un sol-
dat.
« L’OTAN va nous sauver », se
rassure Dul Hykaj dans son jardin
de Tropoja. A Bajram Curri, pre-
mière petite ville proche de la
frontière, un soldat de l’armée
américaine débarque la mine ren-
frognée. Il se présente comme un
simple « attaché militaire » depuis
longtemps basé en Albanie et en
simple « visite de routine » dans la
région. Un peu plus à l’ouest, sur
la piste qui longe la frontière dans
la montagne, Ramadan Goça, âgé
de 26 ans, fuit sur un motoculteur.
Son village de Vlahema été bom-
bardé mercredi à l’aube par les
Serbes. « Il n’y a pas, sur place, de
soldats albanais, juste des policiers
qui n’osent pas riposter », dit-il. Sa
femme et ses trois enfants se
trouvent dans une remorque. Der-
rière, suit un tracteur chargé de
femmes et d’enfants venus de
Drenica au Kosovo et qui s’étaient
réfugiés dans le petit village de
montagne albanais bombardé.
« Nous ne savons plus où nous
sommes. Nos maris ne sont plus
avec nous, ils se sont enfuis dans la
montagne au Kosovo », dit une
femme en tentant de calmer son
enfant. Après avoir été chassés du
Kosovo, les réfugiés fuient main-
tenant le nord de l’Albanie. «Ca
suffit, tonne à Tropoja le vieux Dul
Hykaj dans le bruit des obus. Il
faut répondre au feu par le feu ! ».
Jean-Baptiste Naudet
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