Electrolux BCC-9E Manual de usuario Pagina 22

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LeMonde Job: WMQ1610--0026-0 WAS LMQ1610-26 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 09:05 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 29Fap: 100 N
o
: 1831 Lcp: 700 CMYK
abeilles, coccinelles, tulipes, coqueli-
cots et poissons sur le lin, le taffetas
ou la soie. Dans sa collection « Gra-
phique », des petits carrés de ve-
lours ou de fil décorent le lin ; des
plumetis de broderies capitonnent
le velours ou le lin, des ronds de ve-
lours bordés de franges jouent avec
la couleur des tissus.
La douceur, c’est aussi le maître
mot d’Elisa Borgel. Pour sa collec-
tion hiver, il a guidé son inspiration,
l’a poussée vers des matières douces
et chaudes comme la polaire, la
laine tricotée, la fausse fourrure et
des teintes écrues. Pour l’été, elle ré-
fléchit à des couleurs plus cha-
toyantes, des matières et des motifs
qui évoquent la plage et le voyage.
Les saisons
lui pro-
curent le
terrain privi-
légié pour
exprimer
des atti-
rances
éclectiques.
Car Elisa
Borgel ne se
refuse rien.
Elle aime
autant la ri-
gueur et
l’univers
épuré de Catherine Memmi que le
côté ludique-pop d’Alexis Lahellec.
« Tout dépend du moment », précise-
t-elle.
Parce qu’elle estime que le tissu
doit habiller la maison sans la figer,
offrir à celui qui l’habite la possibili-
té de changer au gré des humeurs,
des envies, elle crée des coussins,
plaids et housses de lit à double
face. Elle n’hésite pas non plus à
maltraiter la matière elle lacère,
rase, surpique – pour créer des ef-
fets tactiles inattendus.
Avec ses tentures en tarlatane
qu’elle peint à la main, Frédérique
F. Thomas invite à personnaliser son
espace, à jouer des volumes pour
une maison en mouvement. Il suffit
de faire coulisser au milieu d’une
pièce un panneau pour séparer l’es-
pace, ou encore d’en juxtaposer
deux pour changer la couleur du tis-
su et changer de lumière.
Karine Fernel a préféré choisir la
neutralité du blanc donnée par les
fibres naturelles telles que le coton
et la laine : « Des matières, dit-elle,
expressives, fluides ou pesantes, dia-
phanes ou opaques, des matières qui
appellent les sens. » Elle plie le maté-
riau, le replie, le structure pour «ob-
LA MAISON s’habille de nou-
velles matières, s’illumine de cou-
leurs inattendues, ose les mélanges
de tissus, de toucher et de motifs.
Après le mobilier, le textile impose
aux intérieurs une modernité qui
tente de rompre avec un héritage
papiers peints, tentures velours et
nappes en coton uni ou fleuri – bien
ancré. Les créateurs s’attaquent au-
jourd’hui au revêtement des fe-
nêtres, des lits et des canapés, uti-
lisent le tissu pour revisiter l’espace,
jouer avec la lumière et exploiter
l’éphémère... histoire de donner aux
intérieurs un air de nouveau millé-
naire, en phase avec les aspirations
profondes des consommateurs.
Ils ont comme point commun
d’aimer la
matière
pour le plai-
sir tactile
qu’elle pro-
cure. Leur
travail se
concentre
essentielle-
ment sur ce
point. Ils as-
semblent,
juxtaposent,
traitent et
parfois mal-
traitent les
tissus, en quête d’une sensation qui
les touche, d’un univers qui leur est
propre. Certains préfèrent cultiver
l’effet de surprise par des contrastes
de matière (douceur et rugosité) ou
de couleur, pendant que d’autres
n’en finissent pas de tendre à l’har-
monie. Leurs sources d’inspiration ?
La rue, la haute couture, le quoti-
dien, les voyages, les rencontres...
Résultat, un foisonnement d’idées,
de décors possibles et de décou-
vertes à venir.
Pour Kim et Garo, ce sont les
voyages – réels parfois, imaginaires
le plus souvent – qui excitent leur
imagination. Les motifs et les tissus
d’ailleurs nourrissent et enrichissent
sans cesse une création qui revisite
les cultures du monde. Les matières
et les couleurs de l’Afrique, de
l’Asie... se retrouvent dans les cous-
sins, les tentures, les parures de lit et
le linge de table de ces créateurs,
dont le talent est de savoir s’inspirer
sans copier. Leur style : un assem-
blage subtil de coloris, de textiles,
d’artisanats divers. Un tour du côté
de la Corée : la soie rose thé se mêle
alors au lin beige floqué, à la soie
brochée or mat et rose tyrien, à la
popeline raisin. Un passage par
Tombouctou, et la popeline d’un
beige chaud tempère un voile de co-
ton froissé tie and dye, s’amuse
d’une paille délicate tissée ou effran-
gée. Puis direction Zanzibar : le lin,
couleur de romarin, la soie brochée
au motif ethnique, le voile translu-
cide racontent cette ville bariolée et
joyeuse...
Anne Marin aime les ambiances
douillettes. Ses créations aspirent à
une harmonie qui s’autorisent des
audaces. La créatrice ose les mé-
langes de matières brutes (lin, laine,
feutre), de velours soyeux, de mo-
hair ou de fourrure, de broderies
fines. Ses mariages de coloris, de
motifs stylisés, ses assemblages
composent un univers délicat et
joyeux. Pour sa collection « Na-
ture », la créatrice a pensé broder
Adresses
b Kim et Garo. Boutique, 7, rue
des Quatre-Vents, 75006 Paris.
Tél. : 01-40-46-89-29 .
b Anne Marin. Bocoray, 72, rue
du Faubourg-Montmartre, 75009
Paris. Tél. : 01-48-78-88-88. Agnès
Comar, 10, avenue George-V,
75008 Paris. Tél. : 01-47-23-33-85.
b Sylvia Charmet et Gyorgyi
Rideg. L’Heure des mimosas,
37, rue Saint-Ambroise,
75011 Paris. Tél. : 01-43-38-20-42.
b Lily Latifi. Quand les belettes
s’en mêlent, 24, rue Vivienne,
75002 Paris. Tél. : 01-42-60-67-40.
Eléments, 31 bis, rue des
Tournelles, 75003 Paris.
Tél. : 01-44-54-53-44.
b Elisa Borgel. Showroom, 98,
rue Dantrémont, 75018 Paris.
Tél. : 01-42-59-18-36.
b Karine Fernel. The Conran
Shop, 117, rue du Bac, 75007 Paris.
Tél. : 01-42-84-10-01. Et 30,
boulevard des Capucines, 75009
Paris. Tél. : 01-53-43-29-00.
b Sophie Mallebranche.
Tél. : 01-53-41-65-23.
b Frédérique F. Thomas.
Tél. : 01-43-25-26-32.
tenir des variations d’intensité, des
surprises, des modulations où la lu-
mière n’arrive que par des ouvertures
imperceptibles ». Son style porte la
marque d’une délicatesse sophisti-
quée, sans guère en avoir l’air.
Délicatesse aussi du côté des deux
créatrices Sylvia Charmet et Gyorgyi
Rideg, qui juxtaposent, associent
des matières inhabituelles. Chez
elles sont à l’honneur les tissus plas-
tifiés, métallisés et les tonalités sub-
tiles de blanc et d’argenté. Em-
preintes de lumière, traces dessinées
par l’eau, danse des lignes de
l’écorce se glissent discrètement
dans leur création, qui cherche à re-
visiter de façon moderne les tech-
niques anciennes.
« À LA LIMITE DES MATÉRIAUX »
Sophie Mallebranche fonctionne
beaucoup par « accidents ». Une
matière qu’elle pousse un peu trop
loin, et c’est la découverte d’une
autre possibilité, l’émergence d’une
nouvelle idée. Toute sa vie, elle a
baigné dans la couleur. Aujourd’hui,
elle la rejette en bloc et aspire au
calme, à la lumière. D’où son attrait
pour les couleurs froides. Tête cher-
cheuse, elle n’en finit pas d’oser les
mélanges, les tissages inattendus en
Inox ou en fils d’argent. Elle enduit
du tissu de silicone, du polyester
d’aluminium... essaie toujours d’al-
ler plus loin, « à la limite des maté-
riaux ». Son travail est à l’avant-
garde d’un courant qui va transfor-
mer les intérieurs. Tout comme la
création de Lily Latifi, qui travaille
essentiellement sur des bases
blanches qu’elle enduit selon un
procédé sérigraphique. Elle crée ain-
si des chemins de table qui donnent
du volume au meuble, des pan-
neaux qui captent la lumière pour la
rendre différente, diffuse, chan-
geante. En confrontant puis en ma-
riant opacité et transparence, ombre
et lumière, Lily Latifi recherche les
contrastes pour mieux créer des ef-
fets de volume.
Tous ces créateurs textiles qui
émergent aujourd’hui expriment
une envie de changement, un désir
de bouleverser les univers intimes
sans pour autant vouloir imposer
une esthétique particulière. Il y a
chez eux une volonté de séduire
sans force. Peut-être parce que,
s’adressant directement aux sens, la
création textile est, plus que tout
autre chose, affaire d’élection senti-
mentale.
Véronique Cauhapé
Les textiles revisitent la maison
De jeunes créateurs assemblent, mélangent, maltraitent matières
et couleurs pour habiller murs, fenêtres et mobilier
26 / LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 AUJOURD’HUI - STYLES
PHOTOS D.R.
Coussin Alaska, en fausse fourrure surpiquée,
d’Elisa Borgel.
Tenture en tarlatane peint à la main,
fond vert et carrés rouges,
de Frédérique F. Thomas.
Coussins en popeline, voile de coton froissé
tie and dye, rabane. Broderies sénégalaises,
de Kim et Garo.
Détail d’une tenture : tissage réalisé avec du
silicone moulé et du fil d’inox sur une chaîne
nylon, de Sophie Mallebranche.
POUR sa deuxième édition, le
Salon grand public de l’art de la
maison a choisi de mettre
l’accent sur les rapports qui
unissent la mode vestimentaire
et la décoration d’intérieur. Ma-
tières et couleurs se retrouvent
d’un univers à l’autre. La cou-
ture inspire créateurs, décora-
teurs et designers, et les coutu-
riers, de leur côté, s’intéressent
de près à la maison.
Les correspondances touchent
aussi les comportements. On
aime dire, aujourd’hui, que la
maison n’est plus figée, que les
consommateurs commencent à
changer de décoration comme
de vêtement. Ce qui pousse cer-
tains observateurs à s’interroger
sur les conséquences d’une telle
frénésie, qui risque d’aboutir à
une saturation, une banalisation
et un appauvrissement accélérés
de la création.
Avant d’en arriver là, le Salon
met en scène les « intérieurs »
de couturiers tels que Christian
Lacroix, Christian Dior, Jean-
Charles de Castelbajac, Chantal
Thomass, Sonia Rykiel... Chacun
livre sa vision personnelle de
l’univers intime.
L’Art de la maison donne aussi
carte blanche à Andrée Putman,
qui a rassemblé une vingtaine
d’objets qu’elle n’a pas signés
mais qui ont ponctué sa vie ami-
cale et familiale, marqué sa car-
rière ou, tout simplement, pro-
voqué en elle des moments de
bonheur esthétique.
CONFORT ET QUALITÉ DE VIE
Dans cet espace souvenir se
trouvent ainsi regroupés le lam-
pion-citrouille de Noguchi, un
banc de Bertoïa, la radio de
Brion Vega, un dessin de Gérard
Garouste, un lutrin, une robe
d’Azzedine Alaïa... Andrée Put-
man marquera aussi le Salon de
sa présence en rencontrant
Christiane Germain, journaliste
spécialisée en design et archi-
tecture, lors d’une conférence
prévue le vendredi 15 octobre, à
17 heures. Un autre débat, prévu
lundi 18 octobre (11 heures),
proposera un face-à-face entre
l’architecte et décorateur
Jacques Garcia et le directeur du
Via (Valorisation et innovation
dans l’ameublement).
Chaque salon s’accompagne
d’une étude. Cette deuxième
édition de l’Art de la maison ne
fait pas exception et livre les ré-
sultats d’une enquête Secodip
réalisée en 1999, qui dessine, à
travers cinq tableaux, le profil
du « consommateur maison ». Ce
dernier apparaît comme « affec-
tif » (ses meubles font partie
d’un patrimoine qu’il doit pou-
voir être fier de transmettre et il
recherche des meubles qui ont
une âme), « pratique » (il veut
du mobilier astucieux et peu en-
combrant et craque pour le
« plus service » qui lui simplifie
la vie), « informé » (il aime se te-
nir au courant des tendances
grâce aux magazines) et « hédo-
niste » (il est en quête de
confort, de qualité de vie).
Ces préférences guident les
achats du consommateur, qui
opte majoritairement « pour de
beaux meubles qui durent long-
temps » (62 %) et « qui ont déjà
vécu » (32 %), du mobilier qui
permet de gagner de la place
(27 %). Tandis qu’ils ne sont que
2,6 % à préférer acheter des
créations.
A la question « quels meubles
avez-vous l’intention d’acheter
au cours des deux prochaines
années ? », les réponses ont plé-
biscité le canapé (29 %), le mate-
las (26,9 %), le petit mobilier
(24,8 %) puis le mobilier de jar-
din (11,7 %), la salle de bains
équipée (11,4 %) et la cuisine
(10,1 %).
V. Ca.
L’Art de la maison, jusqu’au
lundi 18 octobre 1999, à l’hippo-
drome d’Auteuil, 75016 Paris.
Ouverture de 10 à 20 heures
(vendredi 15 et samedi 16), de 10
à 19 heures (dimanche 17), de 10
à 18 heures (lundi 18). Entrée :
60 F (adultes) ; gratuite pour les
enfants de moins de 12 ans.
Mode vestimentaire et décoration d’intérieur
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