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Brad Johnstone rêve de grand large
Le rigoureux entraîneur néo-zélandais des joueurs fidjiens, qui est aussi
amateur de course à la voile, s’avoue tenté désormais par une expérience européenne
LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / III
En quête de communication, les Tricolores s’en remettent au talkie-walkie
IL FUT UN TEMPS où les joueurs de rugby
n’avaient pas le droit de porter de numéro
dans le dos, ni d’être remplacés en cours de
match, et encore moins de se rendre aux ves-
tiaires à la mi-temps. Au fil des années, le jeu
ovale a peu à peu levé ses interdits. Un seul
subsiste encore néanmoins : l’impossibilité
faite aux entraîneurs d’équipe nationale de
s’asseoir sur un banc situé le long de la ligne
de la touche. Gardien des lois et de l’esprit,
l’International Rugby Board continue de pro-
hiber cette habitude pourtant en vigueur
dans la plupart des sports collectifs.
« Dès l’instant où on réclame plus de spec-
tacle, il me semble naturel que les metteurs en
scène soient plus près de leurs acteurs », pro-
teste Jo Maso, le manager de l’équipe de
France. Mais, comme ils en ont désormais
l’habitude, Xavier Gousse et Max Godemet
vont passer les quatre-vingts minutes de ce
France-Fidji à se parler dans un talkie-walkie,
samedi 16 octobre, au Stadium municipal de
Toulouse. Le premier est le kinésithérapeute
des Bleus, une fonction qui lui permet de res-
ter en permanence au bord du terrain afin
d’intervenir rapidement en cas de blessure.
Le second est l’adjoint de Jean-Claude Skrela
et Pierre Villepreux, les deux entraîneurs du
XV de France.
Comme le veut le règlement, tous les trois
sont assis dans les tribunes. Longtemps,
Jean-Claude Skrela communiquait lui-même
ses consignes et ses observations à Xavier
Gousse à travers les fréquences du talkie-wal-
kie. Ses emportements répétés lors des mat-
ches de ces derniers mois ont convaincu l’en-
cadrement de l’équipe de France de confier
l’appareil à Max Godemet, interprète plus
posé des instructions de la hiérarchie. Adopté
par la totalité des grandes nations de rugby,
le système est cependant encore loin d’offrir
toutes les garanties.
MALENTENDU
Le fameux match de novembre 1997 perdu
contre l’Afrique du Sud au Parc des Princes
(10-52) donna ainsi l’occasion d’un malenten-
du via les ondes. Max Godemet se souvient :
« Nous avions compris que notre demi de mê-
lée, Jérôme Cazalbou, était blessé et qu’il sai-
gnait. Nous avons alors demandé à ce qu’il
sorte et qu’il soit remplacé. En fait, il avait seu-
lement reçu un coup et aurait très bien pu res-
ter sur le terrain. Comme il venait lui-même de
rentrer en jeu à la place de Fabien Galthié,
nous nous sommes retrouvés sans demi de mê-
lée jusqu’à la fin du match. »
Le risque de voir se produire ce genre de
méprise est proportionnel à l’augmentation
du volume d’informations transitant entre les
tribunes et la pelouse. Depuis quelques an-
nées, les entraîneurs ressentent de plus en
plus le besoin de communiquer avec leurs
joueurs. Modification des tactiques de jeu,
coaching (remplacement de joueurs), encou-
ragements... La gamme des consignes s’est
densifiée. « Je suis sûr qu’un jour nous serons
nous aussi sur le bord de la touche, affirme
Pierre Villepreux. De la même façon, je suis
persuadé que, d’ici dix ans, il y aura des temps
morts pour que nous puissions faire passer nos
idées aux joueurs, comme au basket. »
Pour l’heure, les messages continuent d’ar-
river jusqu’à l’oreillette de Xavier Gousse, le-
quel, entre éponge magique et approvision-
nement en eau minérale, se charge de les
transmettre aux joueurs. Le kiné des Bleus
est convaincu, lui, que le système a du bon.
« Franchement, au ras de la pelouse, on ne voit
rien, assure-t-il. Le rugby, ce n’est pas comme
le football : il y a beaucoup de regroupements
et de phases statiques. Quand ces actions se dé-
roulent de l’autre côté du terrain, la perspective
est tellement écrasée que vous ne comprenez
pas ce qui se passe. Il vaut mieux se trouver
dans les tribunes, pour avoir une vision d’en-
semble, qui, selon moi, donne une meilleure
appréciation du jeu. »
Frédéric Potet à Toulouse
LA PHOTOGRAPHIE
DE JOHN VINK
Protection du nez et des
oreilles, camouflage malhabile
ou masque de combat pour
impressionner l’adversaire ? Ce
joueur dijonnais s’est fait une
drôle de tête pour affronter
Lombez-Samatan au cinquième
tour de la Coupe de France.
LA PHRASE DU JOUR
« Nous sommes quand même des privilégiés. Nous avons un calendrier
favorable. Ce serait idiot de ne pas se retrouver dans le dernier carré. »
Abdelatif Benazzi, deuxième-ligne du XV de France. S’ils
battent les joueurs fidjiens, les Bleus seront
vraisemblablement opposés à l’Irlande en quarts de finale,
avec de bonnes chances de qualification.
AU SEIN de la petite troupe
fidjienne, Brad Johnstone dé-
tonne un peu. Quand les joueurs
mélanésiens extériorisent, sans
état d’âme, indolence et joie de
vivre, lui, leur
entraîneur,
s’affiche tout
en rigueur, vi-
sage volon-
tiers fermé,
sourires rares.
Une austérité
que ce Néo-
Zélandais ne
cherche pas à imposer à tout prix
à ses ouailles. En tout cas dans la
vie courante. Depuis cinq ans
qu’il encadre les joueurs fidjiens,
il n’a jamais été question de les
inciter à rompre avec leur rythme
de vie et, particulièrement, avec
la faculté, voire la nécessité, d’as-
socier travail et amusement.
Parties de boules ou encore,
comme au tout début de cette se-
maine – à quelques jours du
match crucial contre la France –,
séances festives de volley-ball et
de piscine, voire petite séquence
improvisée de chant choral lors
d’une réception en mairie de
Montauban, la ville où ils
logent... Depuis le début de cette
4
e
Coupe du monde, les Fidjiens
n’ont pas trahi cette « culture »,
qui consiste à « mettre de la joie
dans chacun de nos actes »,
comme le résume Wasale Serevi,
l’un de leurs deux demis d’ouver-
ture.
Pour autant, dès qu’il s’agit de
confrontations sur le terrain, les
protégés de Brad Johnstone
montrent qu’ils ne sont pas restés
imperméables à sa rigueur et à
son austérité. Leurs deux pre-
mières prestations de Coupe du
monde – contre la Namibie et le
Canada – ont été parlantes : s’ils
savent toujours, ballon en main,
accélérer et enflammer le jeu –
comme dans le rugby à sept, dont
ils sont les spécialistes mondiaux
–, les Fidjiens se sont aussi mon-
trés « rigoureux », comme l’a rele-
vé, avec une pointe d’inquiétude,
Jean-Claude Skrela, l’entraîneur
de l’équipe de France.
« Je les ai fait travailler dur de-
vant, reprendre les fondamentaux ;
cela a été mon principal travail »,
explique un Brad Johnstone dont
la carrure imposante rappelle
qu’il fut un solide pilier de
l’équipe nationale néo-zélandaise
à la fin des années 70. « Quand je
suis arrivé, ils jouaient au rugby à
sept à quinze », lâche, comme
pour résumer l’ampleur de la
tâche qui a été la sienne, celui qui
fut aussi capitaine (à quatre re-
prises) des All Blacks et qui appa-
raît finalement relativement fier
d’avoir su infléchir le jeu fidjien.
OCÉANS ET VOILIERS
Après avoir entraîné des clubs
en Australie (Sydney), en Nou-
velle-Zélande (Auckland), ainsi
qu’en Italie, Brad Johnstone est
appelé au chevet du rugby fidjien
en 1994. Comme conseiller de
l’équipe nationale tout d’abord, à
temps partiel. Ce qui lui fait ef-
fectuer nombre d’aller-retour
entre Nouvelle-Zélande et Fidji.
Une situation pénible qui le
conduit, en 1995, alors que
l’équipe mélanésienne vient de
laisser filer sa qualification pour
la Coupe du monde, à sommer la
Fédération fidjienne de lui accor-
der un temps plein ou de se pas-
ser de ses services.
Il a parfaitement rempli la mis-
sion qui lui avait été assignée. A
savoir regagner l’intérêt du pu-
blic et, surtout, décrocher une
participation à la Coupe du
monde. Mais il sait que, si son
équipe ne fait pas aussi bien
qu’en 1987, c’est-à-dire atteindre
les quarts de finale, le change-
ment de style qu’il a impulsé et
surtout sa propre personne ne
manqueront pas d’être vilipendés
aux Fidji, où la nomination d’un
« étranger » n’a pas été du goût
de tout le monde.
« Si nous n’allons pas en quarts,
on dira que j’ai échoué », re-
connaît Brad Johnstone, qui, quoi
qu’il arrive sur cette Coupe du
monde, lâchera les commandes
de l’équipe fidjienne. «Mon
contrat arrive à échéance fin dé-
cembre. Je ne le renouvellerai
pas », relève-t-il. Après ? C’est
vers le grand large – océans et
voiliers – que se porteront les re-
gards de Brad Johnstone. «Je
veux d’abord retourner à Auckland
pour l’America’s Cup, car j’ai
beaucoup d’amis dans l’organisa-
tion et sur les bateaux », explique-
t-il.
Ensuite, Brad Johnstone se dé-
clare prêt à reprendre son balu-
chon et à aller le poser une nou-
velle fois loin de sa terre natale.
Pour entraîner une équipe de
rugby, toujours. « Le rugby c’est
ma passion. J’aimerais continuer à
coacher. Mais, là où il y a de
l’argent, c’est plutôt hors de Nou-
velle-Zélande. Chez nous, les en-
traîneurs sont moins payés que les
joueurs », fait-il valoir. Autant
dire qu’il ne dédaignerait pas une
expérience en Europe.
Philippe Le Cœur
BRAD JOHNSTONE
JEAN-LOUP GAUTREAU/AFP
Le casque, en tête
des accessoires
à la mode
b PROTECTION AVANT TOUT. Si
le casque était très prisé des
boxeurs amateurs, voire carré-
ment obligatoire, il n’avait pas la
faveur des rugbymen. Il s’accor-
dait mal avec les valeurs de virilité
défendues par le pack. « Avant, les
mentalités étaient assez obtuses, ex-
plique Hugues Puisset, ancien
joueur de troisième division. Le
casque, c’était pour ceux qui
avaient peur. » Aujourd’hui, l’objet
passe peu à peu dans les mœurs,
même s’il est loin de coiffer toutes
les têtes. Au-delà d’un simple effet
de mode – bien réel –, les prati-
quants semblent de plus en plus
désireux de se protéger efficace-
ment des chocs.
b PUBLICITÉ INTERDITE. Le règle-
ment de la Fédération internatio-
nale ne rend pas le port du casque
obligatoire, même si en Nouvelle-
Zélande une protection de la tête
est imposée aux jeunes joueurs.
Toutefois, les autorités
commencent à se préoccuper de cet
accessoire. D’ici à la fin de l’an
2000, les casques de couleur noire
devraient être interdits en
compétition : ils ne permettent
pas à l’arbitre de repérer aisé-
ment un joueur qui saigne. Et,
durant la Coupe du monde, il
est interdit de faire figurer de la
publicité sur ce support très ex-
posé aux caméras de télévi-
sion.
b MODÈLE INTÉGRAL. Soit le
casque est intégral, soit il ne
couvre que les tempes et le haut
du crâne. C’est le premier modèle
qui est généralement adopté. Par le
passé, les joueurs qui le souhai-
taient s’affublaient d’un assem-
blage de boudins de cuir rembour-
ré. Aujourd’hui, grâce aux mousses
synthétiques, la protection est d’au-
tant plus efficace qu’elle est ergo-
nomique.
b OREILLES EN PREMIÈRE
LIGNE. Dans le cas d’une touche
ou d’un coup de pied en chandelle,
les joueurs sont amenés à sauter,
sans forcément regarder autour
d’eux. Le casque est là pour limiter
les chocs frontaux, souvent extrê-
mement violents. Autre fonction :
la protection des oreilles (parfaite-
ment assurée avec le casque inté-
gral), soumises à rude épreuve lors
des mêlées et des mauls. «Les
oreilles en forme de chou-fleur, dé-
collées ou déformées, étaient un peu
la carte d’identité du rugbyman,
s’amuse Hugues Puisset. C’était
quand même embêtant pour porter
des lunettes ou écouter son bala-
deur. » Le casque n’est certes pas le
seul moyen de mettre ses oreilles à
l’abri ; on peut recourir au tradi-
tionnel bandeau d’Elastoplast. Mais
celui-ci se révèle bien plus désa-
gréable pour les cheveux et la peau.
Florent Guyotat
夝 Casque Gilbert. Modèle inté-
gral : 399 F.
Les Canadiens quittent
le Mondial sur un succès
Toulouse (poule C). La large victoire (72-11)
des hommes de Pat Parfrey sur les Namibiens
n’a pas suffi à les qualifier pour les barrages
DEUX JOURS avant d’accueillir
le match entre l’équipe de France
et son homologue des Fidji, Tou-
louse n’a pas failli à sa réputation
de métropole dédiée au rugby.
Jeudi 14 octobre, 28 000 personnes
ont assisté à l’autre rencontre de
la poule C programmée sur les
bords de la Garonne, entre le Ca-
nada et la Namibie. En dehors de
son caractère exotique, le match
offrait la curiosité de présenter un
intérêt sportif totalement anecdo-
tique. Trois heures plus tôt dans
l’après-midi, la victoire obtenue à
Cardiff par les Samoa occidentales
face au pays de Galles avait, par
effet de ricochet, rendu quasi
vains les espoirs de se qualifier
pour l’une et l’autre formation.
Canadiens et Namibiens n’étaient
donc plus dans l’obligation de réa-
liser un score fleuve pour espérer
gagner la place de « meilleur troi-
sième », synonyme de match de
barrage pour les quarts de finale.
Les joueurs à la feuille d’érable
ne sont pas privés, malgré cela, de
donner la leçon aux amateurs du
Sud-Ouest africain. Réduits à qua-
torze dès le début de la seconde
mi-temps après l’expulsion du
troisième-ligne Danny Baugh, ils
ont inscrit 9 essais en quatre-
vingts minutes et ont dépassé la
barre des 60 points d’écart (72-11).
Les joueurs de l’entraîneur Pat
Parfrey ont donc fait mieux que
les Français (34 points d’écart) et
les Fidjiens (49 points d’écart) face
au même adversaire, même si ce
dernier est apparu quelque peu fa-
tigué par l’enchaînement d’un
troisième match en trois se-
maines.
« Si la roue avait mieux tourné,
cet après-midi, nous aurions termi-
né meilleur troisième de cette
Coupe du monde, a commenté
l’entraîneur canadien, un rien
énervé par une panne d’ascenseur,
survenue après la rencontre, qui
l’a bloqué pendant près d’un quart
d’heure. Je pense néanmoins que
notre équipe fait partie des douze
meilleures équipes du tournoi. Et
que notre pack d’avants est parmi
les huit meilleurs. »
TOUR D’HONNEUR
Arrivés à cette Coupe du monde
avec la réputation de rugbymen
rustauds tout juste bons à déclen-
cher des bagarres générales, les
Canadiens ont démontré qu’ils
étaient également capables de dé-
ployer un jeu en mouvement de
qualité. Le public connaisseur du
Stadium municipal de Toulouse
n’a pas manqué de les applaudir
lors du tour d’honneur qu’ils ont
effectué après le coup de sifflet
final.
Les Namibiens, eux, quittent la
Coupe du monde avec pour princi-
pale satisfaction d’avoir réussi à
inscrire au moins un essai à cha-
cun de leurs adversaires. «Les
scores que nous avons encaissés lors
de ces trois matches [67-18 contre
la Namibie, 47-13 contre la France
et 72-11 contre le Canada] me
semblent plus importants que ce
qu’ils auraient dû être », s’est
consolé Rudy Joubert, l’entraîneur
sud-africain – il fut entraîneur-as-
sistant de l’équipe championne du
monde avant d’être prêté par la
Fédération sud-africaine, qui
continue de le rémunérer – des
Koudous namibiens. Avant d’ajou-
ter : « Surtout contre la France. »
F. P. à Toulouse
CANADA 72-NAMIBIE 11
Poule C. Jeudi 14 octobre. Stadium municipal de Tou-
louse. Temps agréable. Terrain bon. 25 000 specta-
teurs. Arbitre : M. Cole (Aus.).
CANADA
Stewart – Stanley, Lougheed (Bryan, 72
e
), Nichols,
Pagano (Ross, 64
e
) – Rees (cap), Williams – Hut-
chinson (Banks, 72
e
), Baugh, Charron – James, Tait
(Schmid, 79
e
) – Thiel (Major, 61
e
), Cardinal (Dunkley,
48
e
), Snow.
9 essais : Williams (7
e
), Nichols (9
e
, 61
e
), Charron
(31
e
), Snow (40
e
, 80
e
), Ross (70
e
), Stanley (75
e
, 86
e
).
3 pénalités : Rees (13
e
, 51
e
, 64
e
).
NAMIBIE
Van Wyk – Van Dyk, Van Rensburg, Van der Merwe,
Samuelson – Zaayman, Jantjies – Furter,
Van Rooyen (Lintvelt, 41
e
), Hough (cap) – Steyn
(Theron, 41
e
), Senekal – Opperman (Blauw, 41
e
),
Horn, Smith (Opperman, 68
e
).
1 essai : Hough (54
e
).
2 pénalités : Van Dyk (2
e
, 23
e
).
STATISTIQUES
b
Expulsion
Canada : Baugh (48
e
).
b
Pénalités
17 en faveur du Canada ; 14 en faveur de la Namibie.
b
Touches
15 pour le Canada dont 2 perdues ; 16 pour la namibie
dont 5 perdues.
b
Mêlées
7 pour le Canada ; 18 pour la Namibie dont 3 perdues.
b
Possession de la balle
Canada : 17 minutes (59,6 %) ; Namibie : 12 minutes
(40,4 %).
b
Jeu chez l’adversaire
Canada : 19 minutes (61,5 %) ; Namibie : 12 minutes
(39,5 %).
b
Balles récupérées
12 pour le Canada ; 8 pour la Namibie.
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